Marc-Olivier

« Nous décidons avec Valérie de nous marier, 2 mois avant le greffe, comme un défi à la maladie, une croyance absolue au succès. »

Je me souviens d’une forme d’incrédulité, quand à 27 ans, dans ce bureau de l’Hôpital Saint-Louis, j’écoutais cette jeune hématologue m’expliquer ce qu’il ressortait de mes analyses. Incrédulité mêlée de stupéfaction, ainsi qu’un bourdonnement dans les oreilles comme si le monde autour de moi s’éloignait.

Le diagnostic était pourtant clair : Lymphome non-hodgkinien avec urgence de traitement, quelques jours pour me préparer aux premières chimiothérapies, pour régler un certain nombre de choses importantes, pour se projeter dans le futur ; le dépôt de sperme, acte inconfortable mais si important pour l’avenir, en faisait partie. Je ne le savais pas encore, mais une des clefs des épreuves qui m’attendait, mes proches et moi, était précisément de se projeter positivement dans le futur.

Puis, l’aventure, les épreuves, les douleurs mais aussi les rencontres et les joies, les espoirs… Une première année de chimiothérapie avec rechute, et l’option de la greffe de moelle par donneur non-apparenté. Pas de donneurs dans un premier temps, mes frères non-compatibles, attente angoissée, et finalement, venu d’ailleurs, de loin, un donneur est trouvé. Nous décidons avec Valérie de nous marier, 2 mois avant le greffe, comme un défi à la maladie, une croyance absolue au succès. La greffe a eu lieu le 08 juillet 1999, date mémorable, puis l’attente, les premiers succès, la sortie de l’hôpital, réapprendre à vivre, reprendre possession de son corps. Je passe les « détails » des problèmes post-greffe pour donner toute ma gratitude et tout mon amour aux personnels du service hématologie de l’Hôpital Saint-Louis, je leur dois tant, ils sont ma famille, et, 20 ans après, mes visites de bilans à Saint-Louis sont des moments heureux de retrouvailles, de complicité. En 2019, lors de ma visite annuelle dans les services du Pr Gérard Socié, je l’ai entendu me dire : « tu es guéri » …

Je dis souvent, quand questionné sur le sujet, que cette maladie a été une chance dans mon parcours, qu’elle m’a permis de vivre des moments d’une puissance totale, de rencontrer des personnalités incroyables et de me connecter aux gens que j’aime comme probablement jamais je n’aurais pu le faire sinon. Papa de trois superbes filles, et marié avec Valérie qui m’a toujours accompagné, je crois avoir eu raison à la veille de mes premiers traitements de toujours croire en l’avenir, je crois avoir eu de la chance aussi d’avoir été accompagné par des équipes médicales formidables.

Marc-Olivier