Clémentine

« De la froideur à la douceur, de l’urgence à la patience.”»

Clémentine a 16 ans tout juste lorsqu’elle est touchée par la maladie. Une leucémie myéloblastique très vite traitée par une greffe de moelle osseuse rendue possible grâce au don de son frère de 12 ans. ”Je n’ai pas été trop choquée par l’annonce, seul le sujet de la stérilité m’avait heurtée à l’époque. Une fois la greffe lancée, les résultats étaient encourageants mais les effets secondaires, par contre, étaient véritablement insupportables.” Par la suite, sa scolarité est forcément perturbée : en 1ère, elle est encore trop faible pour passer son examen de clarinette mais se présente à son bac de français, en décalage, en septembre; l’année d’après, elle retourne au lycée en novembre, masquée, et s’en sort très honorablement puisqu’elle obtient son bac avec mention bien.

Pendant et juste après la greffe, Clémentine avoue avoir été dure et intolérante : “Ma fragilité me donnait l’impression d’être redevenue un bébé à un âge où l’on rêve d’émancipation. J’en voulais à la terre entière, donc j’avais adopté une attitude cynique, mon humour noir choquait les gens…”. Puis vient le temps d’une rémission en bonne voie, un soulagement qui va de paire avec une conscience aiguë de la mort qu’elle a frôlée. A 19 ans, réchappée d’une maladie mortelle, Clémentine est prise d’une urgence de vivre, d’un besoin viscéral de vouloir absolument vivre quelque chose de fort, à chaque instant et vite.

Sa famille, ses amis, puis sa rencontre avec l’homme devenu depuis son mari l’aident à passer de la froideur à la douceur, de l’urgence à la patience, et à retrouver un certain équilibre. Elle réapprend que rien ne sert de courir, que sa vie n’est plus une course contre l’épuisement et la douleur. “J’ai mis des années à récupérer mon cœur, mes poumons, mes muscles… Le corps tout entier invite à l’écouter et le mien me disait de ralentir, d’être indulgente avec moi-même. Et pour avancer plus sereinement dans la vie, j’ai dû aussi accepter les deux faces de ma personnalité. La leucémie a été une source de compréhension du monde. Je courais après la meilleure version de moi-même mais je suis ombre et lumière.”
Un temps, Clémentine a entretenu le caractère exceptionnel de son expérience. Aujourd’hui, 13 ans après sa greffe de moelle osseuse, les petits tracas du quotidien la font se sentir vivante. “Je me sens bien, je suis redevenue une femme normale” conclut-elle.